Rapport Dehaye (1976), loi Raffarin (1996), pacte Dutreil (2003), rapport Dumas (2009), loi Pinel (2014), loi CAP (2016) et aujourd’hui le rapport « France, métiers d’excellence » des députés Philippe Huppé, Gilles Le Gendre et Raphaël Gérard… On ne peut parler de léthargie politique en ce qui concerne les métiers d’art. « Les artisans d'art sont dans une situation d'urgence à différents niveaux : les réformes, l’instabilité fiscale, la compétitivité internationale et nationale face à l’absence de régulation de l’appellation "métier d’art", le manque d'information et de reconnaissance sociale – bref, la méconnaissance de nos métiers, déplore David Rosenblum, directeur de l'Atelier de gainerie Bettenfeld-Rosenblum. Les lois Raffarin et Pinel n’ont rien changé. Quant au rapport Huppé, plein de bonnes intentions, ses propositions ont déjà été formulées ou ne sont pas assez approfondies. Nous participons au rayonnement de la France. Qu’y gagne-t-on ? Rien ! » De son côté, Romain Prévalet, chercheur au CNRS sur l’artisanat d’art, s'alarme : « Une grosse restructuration du secteur est en cours, avec les chambres de métiers amenées à être supprimées, des activités difficiles à cartographier car évoluant rapidement ou disparaissant, et la restructuration des OPCA (Organismes paritaires collecteurs agréés, ndlr), qui assurent le financement de la formation professionnelle continue. Il faut agir vite pour sauver les métiers d’art. » Les politiques semblent aussi au diapason, d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès de Bercy qui admet que la France est « assise sur un trésor culturel et économique que nous n’exploitons pas suffisamment », à la sénatrice Catherine Dumas, qui tout en se félicitant des avancées de son rapport (dont la création de l’Institut national des métiers d’art en 2010) rappelle qu’« encore aujourd’hui il manque une impulsion forte au plus haut niveau de l’État ». Remis en décembre, le rapport Huppé arrivera-t-il à créer ce sursaut indispensable ?
Détresse économique
« Certains artisans n'ont même pas de rémunération suffisante pour se loger. Ce phénomène nouveau et inquiétant se concentre dans les grandes zones urbaines », poursuit David Rosenblum. Le député Philippe Huppé réclame au gouvernement de « ne pas être toujours comptable, mais aussi humain. Il faut d’abord savoir dépenser pour que la nation s’y retrouve ». Et de poursuivre le crédit d’impôt en faveur des métiers d’art (perfectible car…