Lors de la dernière Biennale de Berlin, en 2018, la Fondation Rosa Luxemburg avait déployé, face au théâtre de la Volksbühne, l’affiche d’un visage reconnaissable entre mille – celui de Che Guevara – avec ce propos : « Soyez réalistes, demandez l’impossible. » Curieux télescopage, en cette année de commémorations de Mai 68, qui avait préféré déposséder de cette formule les anonymes du Quartier latin pour la transférer vers l’Amérique latine, comme si c’était là sa patrie naturelle, et l’attribuer – à tort – au guérillero argentin dont Cuba avait fait son citoyen d’honneur. Dans sa version caribéenne, même le socialisme réel joue de ses charmes. Cuba alimente toujours les rêves d’un « Grand Dehors » qui se déroberait pour un temps encore aux homologations mondialisées.
Une biennale vraiment alternative
Sa biennale ne fait pas exception : depuis sa fondation en 1984, elle propose un modèle alternatif, loin des formules rodées que l’on retrouve désormais aux quatre coins du globe. La Biennale de La Havane est différente en ce qu’elle est résolument ancrée dans la réalité du tiers-monde et qu’elle aborde des problématiques dont une exposition considérée comme pionnière en Europe – « Magiciens de la terre…