Née en 1967 à Viña del Mar, Sandra Vásquez de la Horra fuit la dictature chilienne dans les années 1990 pour suivre les cours de Jannis Kounellis à l’Académie de Düsseldorf. Dans ses dessins au graphite, elle semble exorciser des visions oniriques et traumatiques illustrant la cruauté humaine – et peut-être la violence du régime de Pinochet… Réalisées sur d’anciens papiers glanés dans les marchés aux puces et parfois tamponnés d’en-têtes officiels, ses œuvres (vendues entre 3 000 et 10 000 euros) sont enduites d’une fine couche de cire d’abeille. Inspirée par les fantasmagories d’Odilon Redon et les légendes traditionnelles, l’artiste juxtapose ses dessins jaunis dans de grandes frises narratives peuplées de symboles religieux, de chamans et de chimères…
Wooson Gallery (Daegu, Corée)
woosongallery.com
Considéré comme l'un des précurseurs de la sculpture contemporaine en Amérique, Germán Cueto (1893-1975) ne fut pourtant pas toujours apprécié à sa juste valeur. Alors que le Mexique est en pleine Révolution, Cueto découvre l’art moderne lors d’un voyage en Espagne (1916-1917) et s’affilie au stridentisme de retour à Mexico. Synthèse des avant-gardes européennes (dadaïsme, cubisme, futurisme), ce mouvement fait l’éloge de la vitesse et des machines censées libérer l’homme de l’esclavage. Membre du groupe Cercle et Carré pendant son séjour à Paris (1927-1932), Cueto fréquente Kandinsky, Arp et Léger. De son vivant, il multiplie les sculptures abstraites (jusqu’à 380 000 euros aujourd’hui) et les masques primitivistes, mais reste dans l’ombre de Diego Rivera et du muralisme, qui dominent alors la scène mexicaine.
Freijo Gallery (Madrid)
galeriafreijo.com/en
À ses débuts à Buenos Aires, Marie Orensanz (née en 1936) étudie la peinture dans le sillage de l’expressionnisme et des abstractions modernistes. Elle s’installe à Milan en 1972 et y découvre son matériau de prédilection : le marbre blanc de Carrare, qu’elle transfigure en sculptures immaculées et livres reliés, vendus jusqu’à 50 000 euros. À Paris, où elle vit depuis 1975, Marie Orensanz rédige son Manifeste du Fragmentisme, travaillant à partir de blocs de marbre rugueux ou lisses, mates ou brillants, sur lesquels s’esquissent des signes énigmatiques. Traçant des cartographies, des constellations ou des figures géométriques, son langage emprunte autant à la mathématique qu’à la poétique, alors que ses derniers pliages, réalisés à partir de papiers, dessinent de délicates implosions diaphanes.
School Gallery, Paris
schoolgallery.fr
Grâce à une bourse d’études, Dario Pérez-Flores (né en 1936 près du lac Maracaibo) découvre la France en 1970. Là, déferle une nouvelle vague cinétique sous l’impulsion d’artistes sud-américains, tels Julio Le Parc. Remarqué dès 1972 par la galeriste Denise René, Pérez-Flores affirme un style sensible au mouvement et à la vibration. Si ses premières œuvres intègrent un moteur pour faire bouger des trames verticales ou horizontales en noir et blanc, sa série « Prochromatique », qu’il poursuit encore aujourd’hui, propose d’harmonieux dégradés de couleurs, parsemés de tiges métalliques. Ainsi, ce n’est plus un moteur qui crée le mouvement, mais le déplacement du spectateur autour du tableau ondulé (de 16 000 à 22 000 euros), dont le regard capte les vibrations optiques.
Galerie Wagner, Le Touquet
galeriewagner.com
Ses toiles glorifient la Révolution castriste et ses leaders mythiques, dans une veine digne du pop art américain. Pourtant, le Cubain Raúl Martínez (1927-1995) débute comme peintre expressionniste abstrait et rejoint en 1953 le groupe d’avant-garde Los Once, opposé au style picassien de l’École de La Havane. Passé par l’Institut de Design de Chicago dirigé par Moholy-Nagy, un ancien professeur du Bauhaus, Martínez s’investit dès 1960 dans le graphisme, qu’il juge plus pertinent socialement que la peinture. En 1964, sa carrière connaît toutefois un tournant : ses tableaux basculent vers la figuration et intègrent des éléments venus du collage, du folklore et de l’art urbain. Une manière de créer un langage plus direct que les abstractions pour dépeindre les mutations de son pays.
Xin Dong Cheng gallery, Pékin
chengxindong.com