« Tout est perdu, fors l’honneur » aurait écrit François Ier à sa mère après le désastre de Pavie. Et fors une extraordinaire série de sept tapisseries, aurait-il pu ajouter, tissées de fils de laine, de soie et d’or, qui célèbre cette cuisante défaite de l’armée française face aux Impériaux sur 60 mètres de long et 4 mètres de haut. Offerte à Charles Quint par les États généraux de Bruxelles, cette somptueuse tenture, produite par l’atelier des frères Dermoyen, est issue de cartons de l’atelier de Bernard van Orley, puissant peintre de cour maniériste de Marguerite d’Autriche. Vision panoramique olympienne, la série embrasse le champ de bataille en un récit continu. Van Orley rend le tumulte des combats en une polyphonie visuelle d’explosions et de gestes, montrant cavaliers, hallebardiers et lansquenets bigarrés s’affrontant en tout sens. Lorsque l’amiral de Coligny vient en 1556 à Bruxelles afin de ratifier la trêve de Vaucelles entre l’empereur et Henri II, il se plaint d’être insulté par une telle tenture. Oubliée, la Bataille de Pavie rejoint Naples au XIXe siècle pour ne plus jamais en sortir. Le retour à Bruxelles de l’Attaque du camp français a le goût de la victoire.
« Bernard van Orley - Bruxelles et la Renaissance », jusqu’au 26 mai, BOZAR, Bruxelles.
bozar.be