Dans un pays où les élites affichent volontiers des signes extérieurs de richesse – villas cossues, voitures de luxe ou accessoires de mode –, dévoiler sa collection d’œuvres d’art reste encore un sujet tabou. Le roi Mohammed VI lui-même est pourtant un collectionneur notoire, mais sa collection reste entourée de mystère. Si des bruits de couloir filtrent (savamment ?) sur les derniers achats du palais, personne ne sait exactement à combien se chiffre la collection, ni son statut exact : patrimoine public ou marotte de souverain ? Et lorsqu’on interroge galeristes et maisons de ventes, une tacite règle de discrétion empêche de divulguer les noms des clients.
Il y a pourtant une partie émergée de l’iceberg : celle de l’ancienne génération, les patrons de grands groupes bancaires qui ont constitué des collections d’entreprise dans les années 1980-1990, toutes orientées vers l’art marocain, comme Abdelaziz Tazi de la Société générale marocaine des banques (SGMB) ou Abdelaziz Alami d’Attijariwafa Bank. Les grandes familles bourgeoises ont aussi joué leur rôle, soucieuses de préserver un…