« Faire disparaître la pénombre » : cette formule, maintes fois répétée au coeur du spectacle Cap au Pire, présenté la semaine dernière au Centquatre, à Paris, témoigne de la finesse de l'oeuvre de Maguy Marin. « Faire disparaître la pénombre », c'est à la fois faire le noir ou revenir à la lumière, attendre l'apparition ou annoncer l'évanouissement, selon notre degré de lucidité face à l'éternelle répétition des choses. C'est surtout se tenir dans cet entre-deux des métamorphoses, dans une indistinction des possibles d'où la vie et la mort émergent. Solo créé avec la danseuse Françoise Leick, Cap au pire (2006) est cette rencontre entre un lancinant monologue de Samuel Beckett, « passé au tamis » de la chorégraphe, et une interprète invisible, toujours double. « Françoise n'apparaît pas dans la pièce mais elle n'arrête pas de faire vivre la chose, sans qu'on l'entende, ni ne la…