Artes Mundi, plus important prix biennal britannique (40 000 livres) attribué à des artistes internationaux et connu pour son attention aux urgences sociales de notre époque, est revenu au cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul lors d’une cérémonie au Musée national de Cardiff. Dans son installation vidéo, les fantômes du passé politique de son pays tirent les fils invisibles d’une corruption qui persiste aujourd’hui. « En Thaïlande, la propagande est omniprésente, générant une fluidité des vérités qui forment et détruisent nos identités, a expliqué l’artiste. L’art permet de découvrir sa propre voix et de parler avec honnêteté, favorisant l’empathie, une vérité dont nous avons un besoin urgent. » Pour le jury, « en ces temps agités, il n’est parfois pas prudent de parler de politique explicitement et Apichatpong fournit des outils de résistance subtils, faisant du camouflage une arme puissante ». Le prix a échappé à Trevor Paglen (qui exposait sa recherche avec des astronomes amateurs autour des satellites militaires américains), Otobong Nkanga (reliant la culture du luxe occidental à l’extraction de minerais au Nigeria et en Namibie), Bouchra Khalili (croisant les luttes afro-féministes et l’engagement de Jean Genet avec les Black Panthers) et Anna Boghiguian (avec une peinture autour de l’impact de l’industrie sidérurgique sur les communautés).