Jonas Mekas est mort le 22 janvier, à New York, à l’âge de 96 ans. L’œuvre de cet immigré lituanien, aux États-Unis depuis 1949 après avoir été interné dans un camp de travail nazi, prend la forme d’un journal filmé, tenu quotidiennement depuis son arrivée à New York avec son frère Adolfas, avec la légendaire caméra 16 mm Bolex. Un noir et blanc aride, des plans en forme de portraits, qui saisissent la misère du quotidien : Jonas Mekas laisse derrière lui une œuvre expérimentale et documentaire prolifique. Cinéaste de l’intime, toujours au plus proche du réel et des êtres qu’il filmait avec une étroite justesse, Jonas Mekas a notamment collaboré avec Andy Warhol sur un film de 8 heures intitulé Empire. En 1969, il réalise Walden, journal filmé, autobiographie et essai philosophique. Jonas Mekas a aussi fondé en 1955 la revue Film Culture, à contre-courant du cinéma hollywoodien. En 1970, il crée avec P. Adams Sitney une cinémathèque new-yorkaise du film expérimental nommée Anthology Film Archives. Il a également écrit Je n’avais nulle part où aller, publié en français en 2004, une odyssée sur sa fuite de l’Europe de l’Est.