Crée en 2017 pour pallier la sous-représentation au niveau institutionnel des artistes femmes (pourtant majoritaires dans les écoles d’art), l’édition 2019 du prix Aware présente quelques nouveautés. La récompense d’honneur – pour une carrière de plus de 30 ans – fera l’objet d’un catalogue monographique et d’une dotation de 10 000 euros. Pour l’artiste émergente choisie parmi les quatre nommées ci-dessous (remise des prix début mars au ministère de la Culture), une œuvre sera acquise par le Cnap et une aide à la production sera apportée pour une exposition en centre d’art ou dans un Frac.
Eva Barto (née en 1987)
Si elle est parfois associée à une génération d’artistes post-conceptuels, il s’agit moins pour elle de revenir à l’histoire de l’art que de s’intéresser aux rouages de l’économie spéculative et dématérialisée, ainsi qu’à la transformation du rôle et du travail de l’artiste. L’artiste refuse de publier des photos de ses œuvres et ne veut pas intégrer de galerie (bien qu’elle y expose parfois) pour s’adresser directement aux logiques de financement et de propriété, rendant ses œuvres presque invisibles ou les propageant par la rumeur.
Hélène Bertin (née en 1989)
Elle explore les usages de l’art dans la vie quotidienne, comme à Cucuron, village du Luberon, où elle organise des rituels collectifs culinaires tout en réinventant les objets qui l’accompagnent, de la nappe au conducteur de chaleur pour tisanière. Elle s’appuie sur une histoire de figures longtemps négligées de l’histoire de l’architecture et du design, souvent des femmes qui ont inventé leur propre économie, pour ne pas distinguer lieu de création et de vie quotidienne, questionnant jusqu’à la nécessité de l’exposition.
Farah Khelil (née en 1980)
Pendant ses études aux Beaux-Arts de Tunis, elle a eu accès à l’art par le biais de catalogues et de livres d’histoire, la poussant à s’interroger sur les outils de médiation et d’archivage. Elle peut compiler des légendes d’œuvres ou employer le livre en tant que forme - à l’image du dictionnaire en langue arabe de son grand-père sculpté par des insectes bibliophages. Elle cherche ainsi à donner une visibilité au paysage mental de relations et à l’intuition qui guide la pensée.
Marion Verboom
(née en 1983)
Ses sculptures empruntent autant aux formes géologiques qu’à l’histoire de l’architecture, extrayant des représentations de la nature et du corps humain, de la Préhistoire au Moyen Âge. Animaux magiques, cariatides, chapiteaux ou stalactites : l’artiste actualise les lectures d’un passé qui n’arrête pas de se renouveler pour éclairer autrement le présent.