Le Quotidien de l'Art

Curateur/trice, un métier en mutation

Curateur/trice, un métier en mutation
Vue de l’exposition « Le Bord des Mondes » Palais de Tokyo, Paris, 2015.
Photo André Morin.

Instance phare de légitimation dans l’écosystème artistique, la figure du commissaire d’exposition solitaire et génial est aujourd’hui déconstruite au profit d’approches curatoriales plus horizontales
et localisées.

Le chapitre du curateur/globe-trotteur, écumant la surface du globe de New York à Delhi à la recherche de talents, s’il n’est pas encore révolu, semble en tout cas en voie de se clôturer. Incarnée par Hans-Ulrich Obrist, cette figure de superstar hyperactive apparaît aujourd’hui complètement obsolète pour les jeunes générations. Et pour cause : archétype de l’acteur néo-libéral devenu sa propre marque, ce commissaire privilégié super-polyvalent voyage de biennale en triennale, mû par une volonté un tantinet présomptueuse et illusoire de cartographier l’art mondial. La défiance généralisée à l’égard de cette pratique curatoriale, ayant accompagné l’explosion de l’art contemporain dans les années 1990 et surtout 2000, est symptomatique. Face à la pléthore de centres d’art, biennales et cursus de formation de curating créés pendant ces années-là, il faut prendre du recul. D’une part, parce que le nombre de curateurs et curatrices a connu une croissance exponentielle — sauf exceptions, le « métier » demeure toujours aussi précaire (et donc réservé aux milieux sociaux privilégiés). « De plus en plus de commissaires arrivent à en vivre, alors qu’avant, c’était plus sporadique », pondère Jérôme Cotinet Alphaize, le président de CEA (Commissaires d’exposition associés). En 2009, CEA avait souligné que le revenu médian des 800 curateurs interrogés frôlait les 500 euros mensuels pour leurs activités de commissariat… D’autre part, le mythe du commissaire est remis en cause, alors qu’il s’était solidifié ces deux dernières décennies. Pour caricaturer, il se contentait d’insérer dans des expositions thématiques des propositions artistiques dans la matrice d’un discours général sur le monde. Louable à l’époque, son travail consistait à décloisonner des scènes artistiques locales et à organiser de nouvelles mobilités. Or,…

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Article issu de l'édition N°1637