Rockefeller, l’opération de charme
C’est la vente de l’année. Christie’s a dispersé en mai la collection de plus de 1 500 objets confiés avant sa mort par le milliardaire David Rockefeller. Intégralement garanti, cet événement fleuve a totalisé 832,6 millions de dollars, un record aux enchères pour une collection privée. L’écurie de François Pinault n’a pas lésiné sur l’opération de charme. Dès le mois de janvier, une cinquantaine d’acheteurs américains triés sur le volet furent invités à New York à voir les œuvres, seuls pendant une heure. Dans la foulée, Christie’s a sélectionné quelques lots pour une tournée mondiale hors norme. Pas moins de sept destinations : Hong Kong, Londres, Paris, Shanghai, Los Angeles avant un retour à New York. Les ventes elles-mêmes retransmises par Facebook Live ont mobilisé 400 employés. À bien y regarder toutefois, la « magie » Rockefeller a joué sur les amateurs anonymes qui ont raflé la porcelaine et l’argenterie, moins sur les acheteurs de tableaux modernes européens. R.A.
La blockchain s’immisce dans le marché de l’art
La blockchain va-t-elle transformer le marché de l’art ? La question a traversé l’année 2018 qui a vu nombre d’expérimentations de ce système utilisé pour enregistrer des transactions de manière sécurisée dans une « chaîne de blocs », grâce à des ordinateurs en réseau. En janvier, quatre peintures étaient achetées en bitcoins (monnaie virtuelle) lors de la foire Art Stage à Singapour. En juillet, la galerie londonienne Dadiani s’alliait à la plateforme d’investissements en art Maecenas pour mettre aux enchères sur la blockchain des parts d’une œuvre signée Andy Warhol. En novembre, c’était au tour de Christie’s de s’associer avec Artory pour disperser la collection Ebsworth via cette technologie. Aujourd’hui une promesse clé se dessine : plus de transparence, notamment sur les paiements, l’authenticité et la provenance. E.T.
Hopper et Hockney au sommet
Qui l’eût cru ? Les lots les plus chers vendus en novembre à New York sont deux peintures méditatives et figuratives d’artistes plébiscités par le grand public, mais méprisés par l’avant-garde. Le 13 novembre, chez Christie’s, Chop Suey d’Edward Hopper a atteint le record de 91,8 millions de dollars. Le surlendemain, l’écurie de François Pinault obtenait la somme mirifique de 90,3 millions de dollars pour Portrait of an artist (Pool with two figures), l’iconique tableau de David Hockney maintes fois reproduit en poster – et pour l’occasion en tote bag. Un record pour un créateur vivant, détrônant celui de 53,4 millions pour le Balloon Dog de Jeff Koons. Pour Didier Ottinger, commissaire des deux expositions Hockney et Hopper à Paris, il n’y a pas de hasard : « Ces prix…