Le Royaume-Uni projette de renforcer les règles d’exportation des trésors nationaux. Le 15 décembre, le secrétaire d’État à la Culture, Michael Ellis, a proposé que les vendeurs se retrouvent obligés de céder leurs biens aux collections publiques, quand celles-ci peuvent répondre à leur offre de vente. Avant d’arrêter sa position, le gouvernement lance une consultation publique, qui sera clôturée le 24 février. Le système, en place depuis 1939, repose sur un accord à l’amiable. Si un certificat d’exportation est demandé pour un bien d’importance esthétique ou patrimoniale exceptionnelle, il peut être refusé pour une période variable (généralement six mois) et renouvelable. Un accord à l’amiable peut alors être trouvé avec les musées, le temps qu’ils rassemblent la valeur déclarée. Mais rien n’oblige le propriétaire à vendre. Voulue par les défenseurs du patrimoine depuis quelque temps devant l’hémorragie du patrimoine, la proposition rendrait la vente aux collections publiques obligatoire. Elle fait suite au bras de fer survenu à propos de l’un des rares portraits de Pontormo encore en mains privées, convoité par la National Gallery. Il a été acheté pour 31 millions de livres par un collectionneur new-yorkais chez Sotheby’s à Londres. Le certificat lui ayant été refusé, le musée a rassemblé la somme. Mais le propriétaire n’a pas accepté, en février 2017, de lui recéder l’œuvre à moins de 39 millions de livres, à cause de la chute de la livre entraînée entre temps par le Brexit. En une dizaine d’années, 40 % des trésors nationaux ont pu intégrer les collections publiques, pour une valeur d’une centaine de millions de livres. Mais ceux ayant quitté le pays représentent six fois ce montant cumulé.