L’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques d’un immeuble requiert « un intérêt d’art ou d’histoire suffisant ». C’est pourquoi la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté a refusé d’inscrire, en 2017, La Chevance de l’Étoile à Villevieux (Jura) au motif que ce bâtiment ne présentait ni élément artistique remarquable ni rôle historique. Toutefois, le tribunal administratif de Besançon a rappelé, le 15 novembre 2018, qu’un immeuble doit être inscrit, même si son apport à l’histoire n’est pas matérialisé dans la consistance de l’édifice. Autrement dit, l’administration ne peut pas se borner à ne rechercher que des marques matérielles, mais doit prendre en compte la perception des lieux au regard de la trace mémorielle qu’il est souhaitable de conserver, ce qui confirme la plasticité de la notion. Pour les juges bisontins, le bâtiment présentait donc « un intérêt historique majeur » car il fut, grâce aux sœurs Bergerot, un haut lieu de la Résistance (réception des parachutages, accueil d’avions et de personnalités comme Jean Moulin ou les époux Aubrac). Dans ces conditions, c’est à tort que « le directeur régional des Affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté et le ministre de la Culture, lesquels ont pourtant bénéficié d’une information suffisante sur les caractéristiques du bâtiment et son importance pour l’effort de Libération, ont estimé que celui-ci ne pouvait pas être inscrit à l’inventaire supplémentaire des bâtiments historiques ». Sans appel de l’administration, celle-ci aura deux mois à compter du 15 janvier 2019 pour inscrire l’édifice.
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