Strokar Inside, plateforme de création installée depuis le mois de septembre dans un ancien supermarché à Bruxelles (lire l’Hebdo du 7 septembre 2018), défraye la chronique ces derniers temps.
Co-fondée par Alexandra Lambert, directrice de la MAD, centre bruxellois de la mode et du design, et son partenaire Frédéric Brival (dit Fred Atax), producteur, réalisateur et photographe, cette structure dédiée à l’art urbain, subventionnée par les pouvoirs publics, fermera ses portes dès fin décembre… Début novembre, le propriétaire des lieux, la société immobilière Besix RED, a en effet choisi de résilier prématurément la convention d’occupation précaire qu’elle lui avait accordée. Un vrai coup dur pour cet organe qui, en peu de temps, était parvenu à fédérer une partie du milieu du street art et un public nombreux (plus de 30 000 visiteurs). Selon Denis Meyers, artiste qui a participé à l’exposition inaugurale, « cette manoeuvre vise surtout à tuer dans l’oeuf une initiative au succès fulgurant. Le promoteur y a vu un frein potentiel à ses projets de développement ». Si comme lui, l’Anversois Joachim Lambrechts (dit Joachim) se dit pleinement satisfait de sa collaboration, la proposition n’a pas fait que des heureux : d’autres artistes se sont plaints de l’amateurisme et des visées purement commerciales (l’entrée est payante) de ceux qui ont fait appel à leur générosité créative pour investir en toute liberté, mais à titre gracieux, cet espace de 5 000 m2. Interrogée à ce sujet par l’Hebdo du Quotidien de l’Art, Alexandra Lambert botte en touche, se contentant d’insister sur « la collaboration avec plus de 350 artistes, dont certains parmi les plus connus » et la « considérable énergie [investie] pour promouvoir un mouvement insuffisamment reconnu en Belgique ». Pour enthousiaste qu’elle soit, l’initiative a péché par manque de prudence en louant une partie des espaces à une société allemande prétendument habilitée à exposer des oeuvres de l’artiste Banksy. Inquiétée par les avocats des propriétaires légitimes, dont l’ancien agent de la star Steve Lazarides, l’association Strokar a obtenu en référé du tribunal de commerce la mise sous séquestre des oeuvres incriminées. Privés de ce potentiel coup de maître et bientôt délogés, Alexandra Lambert et Fred Atax ne se laissent pas démonter. Ils inaugureront le 7 décembre une exposition consacrée au travail de l’artiste parisienne Madame. Tout en réfléchissant déjà à un point de chute pour 2019 ?
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