Pour paraphraser le slogan publicitaire « The old black is the new black », cette saison, les artistes africains-américains des années 1960 à 1980 sont partout à New York — et ailleurs. Contrairement à ceux des
générations précédentes, ils ne travaillent plus aux confins du monde de l’art. C’est en quelque sorte un second avènement et cette fois-ci le public y regarde de plus près… le marché aussi. Pour les cyniques, il n’y a que l’approbation du marché qui compte, mais l’un des moyens d’y accéder passe par la visibilité muséale. La
rétrospective de l’oeuvre de Jack Whitten (1939-2018), sculpteur et peintre africain-américain mort en début d’année, n’a pas lieu n’importe où : au Met Breuer, ancien bâtiment du Whitney Museum sur Madison Avenue et antenne « contemporaine » du Metropolitan Museum of Art de New York. Ce n’est pas une coïncidence si l’exposition a lieu au même endroit que celle du peintre prolifique Kerry James Marshall, en 2016. Celle-ci a été
un grand succès. Whitten n’a pas encore attiré les foules, mais son travail est en train de gagner le respect des critiques, dont certains n’auraient auparavant jamais loué, ni même daigné regarder le travail d’un artiste noir.
Dissiper les mythes Côté marché, à la vente de Sotheby’s en mai dernier, le musicien et producteur P. Diddy a payé la somme de 21,1 millions de dollars pour la toile Past Times (1997) de Kerry James Marshall. Le marché
commence à s’intéresser aussi à Whitten, ainsi qu’à d’autres artistes africains-américains de sa génération. On en trouvera la liste dans l’exposition « Soul of a Nation: Art in the Age of Black Power », qui a ouvert dernièrement au Brooklyn Museum, après la Tate Modern de…