Début 2018, une première liste de 100 sites du patrimoine industriel chinois a été annoncée, dont 11 classés « patrimoine industriel national », servant de pilotes. Le gouvernement vise à « promouvoir l’esprit industriel chinois, bâtir des bases solides pour une culture industrielle et augmenter sa visibilité, développer une économie culturelle industrielle et construire une nouvelle image de l’industrie chinoise ». Concrètement, cette première phase d’identification permettrait de proposer des candidats au registre du patrimoine mondial de l’UNESCO — en 2015, le Japon a fait inscrire une série de sites industriels, suscitant de vives contestations de ses voisins asiatiques en raison du recours au travail forcé de leurs ressortissants, notamment chinois. Mais aussi une protection renforcée et une meilleure mise en valeur (rares sont les sites en Chine reconnus comme « monuments historiques » et bénéficiant d’une protection encadrée), l’avancée de la recherche multidisciplinaire dans le domaine du patrimoine industriel (aujourd’hui encore négligé par les acteurs du secteur culturel qui sont concentrés sur l’archéologie) et l’évaluation de différents modèles économiques pour la valorisation de ces sites, essentiellement propriétés d’entreprises d’État ou publiques.
Des initiatives privées
Le patrimoine industriel en Chine couvre plusieurs époques, de la fin de la dynastie Qing (fin XIXe siècle) aux années 1990, avec la fermeture de nombreuses entreprises d’État. Ces sites, à usage industriel et/ou militaire, comprennent d’anciens arsenaux, des chantiers navals, des mines, des moulins, des usines et des entrepôts de tout genre. Même si l’appellation « patrimoine industriel » ne s’est officialisée que récemment en Chine, les efforts pour sa protection et sa conservation remontent déjà à la deuxième moitié des années 1990. Des architectes et des urbanistes se sont penchés sur ces questions dans les grandes villes côtières, notamment pour les usines datant de la fin de la dynastie Qing, une période marquant une première tentative d’industrialisation et de modernisation militaire, qui a vu notamment la construction de chantiers navals qui risquaient de disparaître pendant le développement urbain des années 1990.
Au tournant du siècle, des initiatives privées ont contribué à la valorisation du patrimoine industriel à Shanghai…