Le 19 novembre 1819, sous le règne de Fernand VII, le Real Museo del Prado ouvrait dans le bâtiment de l’ancien cabinet d’histoire naturelle, montrant au public 311 tableaux. Ce lundi 19 novembre 2019, le principal musée espagnol — et l’un des plus connus au monde — débute les célébrations de son bicentenaire. Il le fait avec une intéressante exposition, sous le commissariat du responsable du département des peintures espagnoles, Javier Portús.
Les bombes de la guerre civile
Il faut croire que cette révision historique répond à un besoin intime du public. À l’issue de la longue conférence de presse du 16 novembre, le commissaire a eu droit, non pas aux tièdes applaudissements de circonstance, mais à une véritable ovation. Car les 200 ans du Prado, qu’il avait exposés avec émotion, correspondent en fait aux 200 ans de l’Espagne – les soubresauts de l’institution épousant étroitement ceux de la patrie, notamment aux heures sombres. En 1838, la sécularisation des biens du clergé (la desamortización) fait entrer des chefs-d’œuvre dans le domaine public. Le Prado en récupère une belle part en absorbant en 1868 le…