Le Quotidien de l'Art

Marché

Pierre Bergé triompheaux enchères

Pierre Bergé triompheaux enchères
Jean-Jules-Antoine Lecomte du Noüy, La Porte du sérail, souvenir du Caire,
1876, huile sur toile, 75 x 130,5 cm. Adjugé 2,4 millions d’euros.
Photo : Sotheby's.

La collection Pierre Bergé - mobilier, tableaux et objets d’art provenant de ses dernières demeures - a connu un énorme succès, à l’issue d’une vente marathon de près de 1 000 lots en deux fois douze heures les 30 et 31 octobre, par dix commissaires-priseurs des maisons Pierre Bergé & Associés et Sotheby’s. Estimée 4,7 à 7,2 millions d’euros, cet ensemble a enregistré 27,5 millions d’euros, un record pour une « House Sale » chez Sotheby’s à Paris. 100% des lots ont trouvé preneur, ce qui vaut à cette vente la distinction en « gants blancs », héritée d’une expression anglo-saxonne pour dire que l’on a tout vendu.

C’est la quatrième fois cette année que Sotheby’s vend l’intégralité d’une vacation aux enchères. Précédemment, il y a eu une collection allemande d’art chinois (juin), la collection Daniel Cordier d’art d’après-guerre et contemporain (septembre) et la collection d’art océanien Elizabeth Pryce (octobre). Leur point commun ? Elles ont été constituées sur le long terme par des amateurs passionnés, grands connaisseurs dans leur secteur d’acquisition. Ainsi, pas moins de 2 500 enchérisseurs issus de 72 pays (soit une participation record chez Sotheby’s et 30% de nouveaux acheteurs) ont rendu hommage au goût et à l’œil absolu de Pierre Bergé. Dans les tops lots, dominent les peintures orientalistes, dont La Porte du sérail, souvenir du Caire (1876), tableau spectaculaire de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Noüy, à 2,4 millions d’euros (quatre fois son estimation haute et un record mondial pour l’artiste), talonné par Le Garde du palais (1888) de Ludwig Deutsch, à 2,2 millions d’euros contre une estimation haute de 500 000 euros. Pour 369 000 euros (plus de deux fois l’estimation haute), le musée du Louvre a préempté David jouant de la harpe pour le roi Saül (1822). Cette toile romantique fut commandée au baron Gros par Louis-Philippe (alors duc d’Orléans) pour sa galerie du Palais-Royal. Douze tableaux peints par Bernard Buffet, témoins de l'histoire passionnelle qui l’unissait à Pierre Bergé dans les années 1950 (la plupart lui étaient dédicacés), ont connu aussi des envolées dont Couple nu assis (1956), adjugé 705 000 euros (plus de cinq fois son estimation haute).

De même pour le reste de la vente : meubles et objets d’art se sont arrachés au-delà des espérances, confirmant l’importance du pedigree Bergé dans l’histoire des collections en ventes publiques. Les bibliophiles ne manqueront pas la suite de la dispersion de sa bibliothèque, le 14 décembre à Drouot.

Article issu de l'édition N°1598