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L’artiste Thu-Van Tran poursuivie pour plagiat

L’artiste Thu-Van Tran poursuivie pour plagiat
Thu-Van Tran, Notre Mélancolie, 2017, moules en plâtre sur étagères en bois et peinture. Photo : Courtesy Carré d'Art.

Agnès Thurnauer poursuit en justice Thu-Van Tran – nommée au prix Marcel Duchamp 2018 avec Marie Voignier, Mohamed Bourouissa et Clément Cogitore (lauréat, voir page 6) –, pour le plagiat de son œuvre Matrice. Celle-ci est une sculpture constituée des 26 lettres de l’alphabet qui n’apparaissent pas en volume, mais en creux et se décomposent en deux versions : Matrice/sol, plus petite, et Matrice/assise, plus imposante et sur laquelle chacun est invité à venir s’asseoir. Présentée jusqu’au 11 novembre au Carré d’Art de Nîmes, dans le cadre de l’exposition « Un Désir d’archéologie », l’œuvre de Thu-Van Tran, Notre Mélancolie, avait déjà été présentée lors de la FIAC 2017 par la galerie Meessen de Clercq. « J’ai été avertie lors de la dernière FIAC par des collectionneurs, journalistes, galeristes qu’il y avait sur la foire une pièce qu’ils avaient prise pour la mienne, explique Agnès Thurnauer. J’ai contacté Thu-Van Tran que je connais depuis des années et avec laquelle j’ai des contacts amicaux et professionnels. Je souhaitais que cela se règle à l’amiable. Je lui ai demandé de ne plus montrer l’œuvre et ai attendu plusieurs mois, mais lorsque j’ai vu les images de la pièce montrée à Nîmes, j’ai pris la décision de m’en remettre à la justice. C’est pour cela que nous l’avons assignée ». De son côté, l’artiste Thu-Van Tran nous a répondu à travers un texte que nous restituons dans sa totalité : « Vous m’apprenez qu’une action en justice serait lancée car aucune assignation ne m’a été délivrée. J’en suis surprise et m’interroge sur le timing de cette sortie qui intervient dans la presse au moment des délibérations du prix Marcel Duchamp pour lequel je suis nommée. Je vois dans cette nomination une reconnaissance de ma démarche d’artiste, tant formelle que conceptuelle et je m’en réjouis. Je ne peux que regretter ces attaques sans fondement et ne souhaite pas alimenter une polémique construite de toute pièce sur une appréciation tronquée que je conteste formellement. De tout temps des artistes ont malheureusement tenté de s’arroger un monopole sur un procédé, un genre ou une idée, au détriment de la liberté de création artistique. Cela n’a jamais empêché l’art d’avancer ».

Article issu de l'édition N°1585