Cette année a vu la sélection du prix Marcel Duchamp (créé par l’ADIAF, Association pour la diffusion internationale de l’art français) dominée par la vidéo – ce qui n’est pas sans ironie considérant la place très minoritaire de ce médium dans les collections privées. Clément Cogitore (soutenu par Jean-Charles Vergne, directeur du FRAC Auvergne) s’est vu récompensé de 35 000 euros par le jury, l’emportant sur Mohamed Bourouissa, Thu-Van Tran et Marie Voignier (tous quatre exposés au Centre Pompidou jusqu’au 31 décembre). Si jusqu’ici son travail, entre photographie, installation vidéo et cinéma, portait sur le rôle majeur de la fiction dans la construction du réel (annonçant nos temps de « fake news »), pour explorer le lien entre vérité et croyance et établir des parallèles entre mythe, rumeur et théorie du complot, sa nouvelle vidéo The Evil Eye (le Mauvais Œil), présentée au Centre Pompidou, pose de nouvelles questions. Réalisée avec des séquences achetées chez Getty Images, une banque iconographique normalement utilisée pour des publicités ou des campagnes politiques, il s’en dégage une culture visuelle stéréotypée occidentale, sur fond sonore de récit apocalyptique, où la joie fabriquée des visages se confronte à des noms féminins de cyclones ou à un serpent qui rôde dans des bureaux. Clément Cogitore est représenté par les galeries Eva Hober (Paris) et Reinhard Hauff (Stuttgart).
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