Né à Madrid en 1937, en pleine guerre civile, Eduardo Arroyo fut l’un des créateurs les plus prolifiques et originaux de l’Espagne du XXe siècle. Mordant et combatif jusqu’à la fin, sa curiosité innée l'avait transformé, dès son plus jeune âge, en un artiste polyvalent qui aborda avec originalité tous les domaines qui l’intéressaient : arts plastiques, écriture, scénographie... Élevé dans une famille bourgeoise qui l’envoya au lycée français, il s’exila pendant la dure décennie espagnole des années 1950 à Paris, où il bénéficia régulièrement d’expositions dès son admission au Salon de la Jeune Peinture. Son travail figuratif et coloré lui garantit un succès immédiat en Europe et en Amérique. Revenu en Espagne dans les années 1970, dans un pays en pleine transition démocratique, il représenta l'Espagne à la Biennale de Venise en 1995 avec Andreu Alfaro. S’en suivirent de mémorables expositions au Reina Sofía, au Guggenheim de New York et dans de nombreux centres d’art européens. En tant que scénographe d'opéra et de théâtre, il s'est associé à Klaus Michael Grüber, produisant avec lui des spectacles acclamés en Italie, Allemagne, France et Espagne. Jamais il n’a cessé d'écrire. Parmi ses ouvrages les plus connus, on retient son guide du Prado ou son autobiographie, Sardines à l’huile (1989), qui avait fait scandale en France et en Espagne pour ses références aux personnages de la vie politique et culturelle des deux pays. Il est décédé dimanche dernier à 81 ans avec une longue liste de projets en attente car, malgré sa longue maladie, le vieux guerrier ne s’était pas laissé vaincre par la douleur.