Signe d’une fragilité des structures associatives, financées par les collectivités, mais sans convention de fonctionnement, l’association Khiasma — lieu emblématique aux Lilas pour l’art contemporain, la littérature (festival Relectures) et la connexion avec les sciences sociales —, a annoncé sa fermeture fin octobre. Suite à une coupe brutale de sa subvention il y a deux ans par le cabinet de Valérie Pécresse à la région Île-de-France, Khiasma faisait face à un déficit structurel. Créé en 2001, ce lieu, dirigé avec charisme par Olivier Marboeuf, a contribué de façon pionnière au débat sur la décolonisation en France. De l’exposition de Vincent Meessen en 2011, jusqu’à Ana Vaz, The Otolith Group, John Akomfrah, Katia Kameli ou Liv Schulman — de nombreux artistes sont venus contribuer à cette réflexion et ont bénéficié de l’aide à la production de films de la plateforme Phantom (qui poursuivra son activité). Le lieu était connu pour sa convivialité, réunissant des publics différents, souvent autour d’un repas : « Le débat sur les minorités était très marginal dans l’art contemporain à nos débuts, il l’est moins aujourd’hui. Ce qui nous intéresse dans le principe de décoloniser les arts, ce n’est pas de le transformer en sujet, mais de le mettre en pratique au quotidien ». Est-ce l’indépendance « insolente » (revendiquée dans l’annonce de la fermeture) ou le programme engagé qui dérangeait ? Cela semble indiquer en tout cas un rétrécissement des lieux de débat. Une fête de clôture est prévue le 20 octobre.
khiasma.net