João Ribas, directeur artistique de Serralves, musée d’art contemporain à Porto, a présenté vendredi dernier sa démission, après huit mois en fonction, suite à la décision d’enlever vingt photographies de l’exposition Robert Mapplethorpe dont il était le curateur. Une lettre ouverte (signée par Wolfgang Tillmans et plusieurs conservateurs de la Tate ou du MoMA) demande des éclaircissements à Ana Pinho, directrice du conseil d’administration de Serralves, fondation privée financée à 40 % par l’État. Elle est accusée d’avoir interféré dans le retrait des images — documentant la scène sado-maso new-yorkaise des années 70 —, et dans la décision d’interdire l’accès d’une salle aux moins de 18 ans. Si le conseil d’administration impute cette décision au directeur artistique, des sources internes font état de fortes tensions entre le personnel et Ana Pinho, qui ont conduit à plusieurs démissions. « L’institution est prise dans les contradictions que le travail de Mapplethorpe dévoile. Il condamnait tout regard moral sur la sexualité : ces photos seraient-elles objet de censure si elles concernaient le corps féminin ? », déclarait un manifestant ce dimanche, appelant à la démission d’Ana Pinho. Le président de la fondation Mapplethorpe, Michael Ward Stout, a qualifié d’« acte égoïste et peu professionnel » la démission de Ribas. Ce dernier ne s’est pas exprimé.
serralves.pt