Musée Soulages
Gutai, happening à la japonaise
Au milieu des années 150, des artistes japonais à peine sortis de l’adolescence se réunissent autour d’un mentor, Jir? Yoshihara. Dans un pays détruit par la guerre, ils sont prêts à casser tous les codes. S’appuyant sur des mises en scène inédites, ils multiplient les gestuelles, maculant les toiles de grands coups de pinceau, trouant, transperçant, lacérant, peignant avec leurs pieds et leur corps pour faire une peinture « concrète » (le sens du mot gutai). Pierre Soulages avait été intéressé par ces trublions orientaux et leur avait rendu visite dès leurs débuts, en 1958. Le musée qui porte son nom est donc fondé à leur dédier une rétrospective bien cadrée. Elle mêle des documents – photos, correspondance (notamment avec Michel Tapié, leur « sous-marin » en Occident) et objets divers – et une quarantaine d’œuvres, dont une belle sélection vient du musée d'art de Hy?go à Kobe. Si le nom le plus connu est Kazuo Shiraga, dont la cote s’est envolée au printemps dernier, tous surprennent par leur sensibilité commune avec les cousins d’Amérique et d’Europe. Comment ne pas voir en eux des Klein, Mathieu, Fontana ou Pollock des antipodes ? Rafael Pic
« Gutai, l’espace et le temps »
Jusqu’au 4 novembre
Jardin du Foirail, 12 000 Rodez
musee-soulages.rodezagglo.fr/
Musée de Pont-Aven
Les secrets du Talisman
C'est vers 1930, sous la plume de Maurice Denis, que l'on retrouve pour la première fois l’appellation Talisman en rapport au minuscule joyau (27 x 21cm) de Paul Sérusier, qui posa les jalons du synthétisme en 1888. C’est pour restituer l’œuvre dans son contexte que le musée de Pont-Aven lui consacre une exposition à quelques pas du Bois d’Amour, que le célèbre nabi peint sur le vif en obéissant à l'injonction de Gauguin à libérer la couleur : « Comment voyez-vous ces arbres ? Ils sont jaunes. Eh bien mettez du jaune ! » lui aurait-il…