Sa direction est « bipolaire », comme disent drôlement ses composants : Carmignac père (président) a fait fortune dans la gestion d’actifs et a commencé sa carrière de collectionneur en fréquentant la Factory de Warhol à New York à la fin des années 1970 ; Carmignac fils (directeur), membre pendant deux décennies du groupe de rock Moriarty, s’est provisoirement rangé des guitares pour assouvir d’autres inquiétudes esthétiques. Le senior est plutôt porté sur le pop, flashy, tonique, graphique, le junior privilégie des œuvres plus réflexives, critiques de notre époque. Mais le consensus à la tête de la Fondation Carmignac (créée en 2000, matérialisée ce 1er juin) est possible : ils se sont récemment entendus sur un rideau d’or d’El Anatsui… Tous deux sont à la manœuvre de ce nouveau site qui réussira sans doute à se distinguer dans la catégorie pourtant pléthorique des fondations d’art contemporain. Non pas tant par le rituel imposé aux visiteurs – boire un breuvage d’herbes et se déchausser – qui pourra sembler à certains une efficace mise à distance du monde civilisé, à d’autres une concession sans intérêt aux philosophies New Age. Plutôt parce qu’elle se trouve sur une île, ce qui lui donne une originalité évidente…
Porquerolles, l'art contemporain au pays du farniente
Le 1er juin, la Fondation Carmignac est inaugurée sur l’île de Porquerolles. Dans un environnement méditerranéen, entourée d’un parc de sculptures, elle montre les pièces maîtresses de la collection dans un mas traditionnel métamorphosé de manière « invisible ».