Aurelia Azema avait commencé à examiner ce fragment issu de la collection Campana, pour sa thèse de doctorat sur les alliages dans les assemblages des grands bronzes de l’Antiquité. Constatant qu'il s'agissait d'un index fracturé et que sa longueur devait correspondre à un personnage d’une douzaine de mètres de haut, elle avait formulé l’hypothèse qu’il « puisse appartenir aux restes de la statue colossale de Constantin » des musées capitolins à Rome. Trois fragments de cette statue en bronze doré du IVe siècle y sont présents : la tête de l’empereur, un globe ainsi que le poignet et la main gauches, dont l’index est manquant. Le laboratoire de recherche des musées de France, qu’Aurelia Azema a depuis intégré, a repris l’étude
du doigt en prévision de l’exposition prévue l’hiver prochain sur Campana au Louvre. Benoît Mille, spécialiste de la métallurgie et directeur de la thèse de la jeune ingénieur, voulut en avoir le cœur net. Grâce à un programme de modélisation en 3D mis au point par Nicolas Melard, le laboratoire a réalisé une réplique en résine que ses responsables ainsi que Françoise Gaultier et Sophie Descamps du Louvre ont apportée le 17 mai à Rome, où elle fut posée en présence du directeur du musée. Et l'index disparu correspond parfaitement à la main de l’empereur, jusqu’à la moindre fissure.