Ce n’était pas son vrai nom : Robert Indiana, né en 1928 et décédé le 19 mai dernier, était en réalité Robert Clark (il se renomma à la fin de années cinquante, lors de son idylle avec Ellsworth Kelly, pour souligner son lien avec son État d’origine). Son enrôlement dans la mouvance Pop se fonde aujourd’hui sur une œuvre à la diffusion planétaire, le Love. Ces quatre lettres colorées, conçues au départ comme une simple carte de vœux pour le MoMA en 1965, puis déclinées en sculpture, lui ont valu une célébrité étouffante, qui a caché le reste de la production de celui qui se proclamait « peintre américain de signes ». Virtuose de l’assemblage – de métal ou de lettres –, collectionné et apprécié dès ses débuts par Alfred Barr et Philip Johnson, collaborateur de Warhol (sur son film Eat), il se retira peu à peu de la scène, fatigué d’être l’homme d’une seule œuvre. Au moins l’une des premières versions de cet encombrant Love, celle de Philadelphie (1976), a-t-elle été récemment restituée dans ses couleurs inattendues d’origine (voir le QDA du 21 février).