Vue de France, pays qui a depuis longtemps sanctuarisé ses musées, la situation des institutions fédérales en Belgique peut sembler ahurissante. Aujourd’hui fort négligés, les outils de la culture, compétence qui depuis 1970 est scindée entre les principales instances linguistiques du pays, la Communauté flamande et la Communauté Wallonie-Bruxelles, se délabrent sans qu’on entrevoie une quelconque éclaircie. Cause principale de cet état de fait : le mille-feuille institutionnel belge mais aussi une possible volonté de laisser pourrir la situation pour, peu à peu, parvenir à la désagrégation des reliques d’un passé unitaire dont certains partis séparatistes, notamment la N-VA (Alliance néo-flamande) en Flandre, ne veulent plus.
Le XXe siècle, pourtant, avait bien commencé : sous le règne du roi Léopold II, Bruxelles s’était doté de musées et d’équipements grandioses, les efforts étant mobilisés pour faire de la ville une capitale prestigieuse. Mais dès les années 1960 cette volonté politique s’effrite, laissant la main à des promoteurs privés qui rêvent d’une ville fonctionnelle, moderne, adaptée à la voiture et découpée en zones…