Pour un peu, on l’aurait cru éternel en sa ville… Intimement lié au paysage artistique lyonnais, qu’il a su dès ses débuts conjuguer à l’international, Thierry Raspail (né en 1951) vient pourtant d’officialiser son départ du musée d’Art contemporain de Lyon, le macLYON, qu’il dirigeait depuis sa création, en 1984. Trente-quatre ans pendant lesquels il a su en faire l’une des plus dynamiques institutions de France, riche d’une collection exceptionnelle, notamment de ces installations sonores ou grand format qui font souvent peur aux homologues. Parmi les premiers à explorer l’art africain, le plus fameux des moustachus de la scène artistique française a d’innombrables expositions à son actif. La liste permet à elle seule de rappeler combien il fut plus d’une fois visionnaire : on lui doit des rétrospectives Dan Flavin ou James Turrell dans les années 1980, Robert Irwin ou Robert Morris dans les années 1990, mais aussi, plus récemment, de vastes panoramas des scènes chinoise, brésilienne ou de Los Angeles. C’est en créant, dès 1991, la Biennale d’art contemporain de Lyon, étroitement liée au destin du mac, qu’il a définitivement donné un prestige planétaire à son enfant de brique. Harald Szeemann, Jean-Hubert Martin, l’équipe du Consortium de Dijon, ou encore Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans : il a su convaincre de sacrées pointures d’en assurer avec lui la direction artistique. Jusqu’à Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou-Metz, qui, avec la 14e édition, tenue fin 2017, a battu tous les records en séduisant plus de 317 000 visiteurs. Le contraire eût été étonnant : « Je n’abandonne pas le monde de l’art et des artistes avec qui je poursuivrai des collaborations dans le futur », promet cette figure, qui a toujours vénéré les mots et les concepts autant que les images. Le public le retrouvera ainsi dès septembre prochain, comme commissaire de la rétrospective Bernar Venet au macLYON, l’amour d’une vie.
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