Françoise Nyssen a reçu la semaine dernière un rapport qui préconise une refonte de la politique de restitution des biens culturels issus de la spoliation nazie. Demandé en mai 2017 par Audrey Azoulay à un conseiller, David Zivie, il propose de rassembler les services engagés dans les recherches de provenance en une unité « de pilotage », sous l’égide de la CIVS (Commission pour l’indemnisation des victimes des spoliations, sous tutelle du Premier ministre). Le texte a circulé au sein de son ministère, où, manifestement, il ne recueille pas l’unanimité. Emmanuel Macron aura son mot à dire, car, outre les impératifs « moraux et mémoriels » rappelés par le rapport, l’enjeu est aussi diplomatique : en novembre, la France devra se défendre de ses retards lors du vingtième anniversaire de la conférence de Washington.
L’auteur souligne « les progrès tangibles » de ces dernières années. Mais il relève aussi la longueur des procédures, « la faible réactivité », « le manque de communication » et une « organisation floue et peu visible » des services, dont celui des Musées de France, entretenant « un climat empreint de méfiance et de tensions ». Il propose d’adjoindre à une cellule « art » de la CIVS, qui déciderait des restitutions, un « conseil d’experts de tous horizons ». Il réclame une « accélération des recherches systématiques de provenance » sur les 2 000 œuvres listées MNR (rapatriées d’Allemagne après la guerre) mais aussi les 13 000 livres des bibliothèques, qui viennent à peine de démarrer, ainsi qu’une bien meilleure présentation au public. Il appelle en outre à « lancer des recherches » sur les œuvres entrées dans les collections publiques depuis 1933, une recommandation que la France n’a jamais appliquée. Au-delà d’un nécessaire renforcement des moyens – dont la « faiblesse notoire » finit par « contredire les engagements » gouvernementaux –, le rapporteur souligne le besoin impératif d’une « volonté politique » pour débloquer cette situation.
