Déjà objet d’un nombre important d’expositions revenant sur son parcours de cinquante ans, à l’image de celle du Jeu de Paume/Frac Île-de-France en 2005, l’enjeu devient alors d’observer sous quel angle l’œuvre de Joan Jonas (née en 1936 à New York) est remise en jeu autant par elle-même (qui ne cesse de revisiter ses pièces anciennes en les actualisant) que par les commissaires. Figure déterminante de l’avant-garde new-yorkaise au tournant des années 1960-1970, Joan Jonas était plongée à ce moment-là dans un environnement artistique depuis mythifié : les chorégraphes de la Judson Church cherchant à intégrer les mouvements quotidiens, la musique minimale de La Monte Young et consorts, l’art post-minimal (elle partagera un temps sa vie avec Richard Serra) et le cinéma expérimental vu à l’Anthology Film Archives de Jonas Mekas, juste à côté de chez elle. Il est souvent rappelé son usage pionnier de la caméra vidéo Portapak – son grain un peu flou était détesté par les…
Joan Jonas, une pionnière de l’art vidéo réévaluée
Si les commissaires de la rétrospective de l’artiste américaine Joan Jonas à la Tate Modern insistent sur sa seule dimension de « pionnière de la vidéoperformance et de l’installation », nous y découvrons une artiste qui diffracte sa personnalité à travers le rite et des nouvelles formes de relation à l’objet et à l’animal.