Le 22 août 1918, Lénine télégraphie au camarade Païkes : « Fusillez sans rien demander à personne en évitant cette bureaucratie paperassière idiote. » Ce commandement assassin ouvre l’exposition « Hommage aux victimes de répressions politiques », présentée par le Multimedia Art Museum (MAMM) de Moscou. Pour Olga Sviblova, directrice du musée, cette sommation précoce atteste que « les répressions politiques ne sont pas seulement le fait de la période stalinienne. Elles apparaissent dès Lénine, dès les débuts du communisme ». De nombreuses autres archives, dont une partie récemment déclassifiée, ressurgissent de l’histoire dans une atmosphère feutrée. C’est le cas de ces listes secrètes de 1937 qui stipulent, pour chaque région de l’URSS, les chiffres vertigineux de ceux qui devront chaque trimestre être envoyés au goulag (20 millions de personnes y sont passées entre 1929 et 1956) ou purement et…
À Moscou, le goulag entre au musée
Comment écrire l’histoire de la terreur stalinienne au moment où le pouvoir russe dédie une statue au « Petit Père des peuples » et interdit un film occidental satirique ? Les initiatives existent pourtant.