Commémorera. Commémorera pas. Emmanuel Macron avait laissé planer le doute l’automne dernier. Dans L’Opinion, en octobre 2017, il disait vouloir donner une dimension internationale à l’événement en ne retenant que l’aspect « changement d’époque ». Avant de se raviser, sa lecture libérale-libertaire du monde collant peu aux idéaux de Mai 68. Si les commémorations sont une épine dans le pied du président jupitérien, elles embarrassent aussi les neuf institutions qui se sont mis en tête de les célébrer. « C’est une année redoutable et redoutée », admet Jean-François Balaudé, président de l’université de Nanterre. Les Archives nationales, les Beaux-Arts de Paris, la Cité de l’architecture et du patrimoine ou la BnF ont opté pour des expositions bien anglées. En revanche le Centre Pompidou et le palais de Tokyo ne s’en emparent que sur la pointe des pieds, avec des débats menés dans un amphi construit par Olivier Vadrot pour le premier, et des interventions furtives commandées au street artist espagnol Escif pour le second. L’exercice imposé tient moins du marronnier que de la patate chaude. Même la ville de Nanterre, pourtant chaudron des mouvements contestataires, avait voulu se défiler, avant d’être rattrapée par la programmation de l’université et du théâtre des Amandiers.
Pourquoi cette frilosité derrière un foisonnement apparent ? L’événement a beau être entré dans l’histoire et dater d’un demi-siècle, il est complexe. L’héritage…