Le Quotidien de l'Art

Peintures coloniales au Quai Branly : cachez ces oeuvres que je ne saurais voir

Peintures coloniales au Quai Branly : cachez ces oeuvres que je ne saurais voir
Frédéric Regamey,
Les Délégués des colonies et monsieur Jules Ferry.1892, huile sur toile, 105,5 x 94,6 x 4,3 cm.
© Musée du quai Branly, Paris / photo Claude Germain.

Le musée du Quai Branly–Jacques-Chirac exhume sa collection méconnue de peintures d’époque coloniale. En revenant sur l’histoire chaotique de sa redécouverte, il engage par-là un nécessaire regard critique sur les pouvoirs de l’idéologie politique dans la construction des musées.

«La colonisation est un crime contre l’humanité. » Le verbe haut, Emmanuel Macron, qui n’était encore que candidat à la plus haute fonction, trahissait il y a tout juste un an l’embarras impénitent de son pays face à un passé qui ne passe pas. Le malaise n’est pourtant pas que politique, comme en témoigne Yves Le Fur, directeur des collections du musée du Quai Branly–Jacques-Chirac. « Le prurit anticolonial des années 1950-1960 a conduit à laisser pourrir les peintures issues du musée de l’Homme et du musée des Colonies.

De l’orientalisme à Matisse à Tahiti en passant par Gauguin, tout ce fonds sur la manière dont les Occidentaux ont représenté l’Autre en Nouvelle-Calédonie, au Maghreb, en Asie ou dans le cadre de concours d’artistes coloniaux est dans un état lamentable. Les toiles ont été négligées pendant des années, protégées des fuites d’eau par de simples bâches. Remis en cause, le patrimoine a été mis en danger pour des raisons idéologiques. A-t-on le droit de juger le patrimoine ? », s’insurge celui qui a pris la ferme décision, il y a deux ans, de faire renaître cette collection méconnue.

Cachés du public, ce sont pas moins de 500 peintures et dessins qui dormaient en réserve, depuis leur décrochage de la galerie de l’histoire de la…

Peintures coloniales au Quai Branly : cachez ces oeuvres que je ne saurais voir
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