Le Quotidien de l'Art

Les prêts d'œuvres au cœur d'enjeux diplomatiques

Les prêts d'œuvres au cœur d'enjeux diplomatiques
Tapisserie de Bayeux
Anonyme, commanditaire Odon de Bayeux, entre 1066 et 1082, broderie, 50 × 6838 cm.
Coll. & © Musée de la Tapisserie de Bayeux / photo S.Maurice.

Annonçant, le 18 janvier dernier, le prêt de la fragilissime tapisserie de Bayeux à la Grande-Bretagne, Emmanuel Macron lançait un pavé dans la mare, rouvrant du même coup le débat sur le déplacement à l’international des chefs-d’œuvre de nos musées. La question de la conservation des œuvres fragiles tomberait-elle à la faveur des enjeux diplomatiques ou économiques ?

Moins de 10 % des Français se rendent à l’étranger chaque année, selon les statistiques gouvernementales. Ironie du sort, il semblerait que notre patrimoine voyage davantage. S’il n’est pas le seul, le musée d’Orsay est devenu maître en la matière : La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh a quitté la France 15 fois en 17 ans, comme

La Balançoire d’Auguste Renoir ; La Rue Montorgueil de Claude Monet 13 fois, Le Fifre d’Edouard Manet et Les Joueurs de cartes de Paul Cézanne sont sortis 11 fois, quant à Arearea de Paul Gauguin, elle est sortie 10 fois depuis 2000… Si ces déplacements à répétition font peu la une des journaux, d’autres œuvres, le plus souvent ambassadrices de leur pays, sont fort médiatisées. En 2013, le prêt à la Chine de La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix, symbole de la République, défrayait la chronique. D’un côté, les diplomates désiraient envoyer un signal fort à l’occasion du 50e anniversaire de la reconnaissance par la France de la République populaire de Chine.

De l’autre, la communauté des musées alertait sur l’état de conservation de la toile. Les conservateurs ont finalement obtenu gain de cause puisque c’est l’Olympia de Manet qui, la même année, a quitté le territoire en direction de Venise pour y retrouver sa lointaine cousine : la Vénus d’Urbin du Titien. Guy Cogeval, alors à la tête du musée d’Orsay, avait demandé l’aval du président de la République tant sa responsabilité était lourde.

A compter du 10 février, les six tapisseries de La Dame à la Licorne seront visibles, non plus au musée…

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