Chercheur spécialiste de la scène turque, Yekhan Pinarligil collabore au programme mondialisation mis en place par le Centre Pompidou. Il prépare une thèse à Paris I sur l'émergence d'une culture visuelle en Turquie entre 1997 et 2010.
R. A. À partir de quand peut-on parler d'une scène artistique en Turquie et quelle en est la reconnaissance sur place ?
Y. P. La reconnaissance est en bonne voie. Les collectionneurs achètent, les artistes trouvent suffisamment de plateformes pour montrer leur travail. Mais cela reste très jeune, car la République turque est elle-même très jeune. Le passage de l'Empire ottoman à la République a été douloureux. Le kémalisme a voulu définir une identité nationale turque en occidentalisant le pays et en mettant en avant le nationalisme et le militarisme. Il y a eu un nettoyage ethnique, un changement de l'alphabet, tout ce qui était arabisant étant vu de manière négative. Les Kurdes ont été…