Charlotte Salomon, l’enfer peint
Inclassables, les peintures autobiographiques de l’artiste allemande Charlotte Salomon (1917-1943) racontent l’enfer personnel d’une courte vie, brutalement interrompue à 26 ans par la déportation et l’assassinat à Auschwitz. Les éditions Taschen publient 450 des 1 300 gouaches réalisées avec une frénésie désespérée par la jeune femme, et confiées à un ami avec ces mots : « Prends-en soin, c’est toute ma vie. » Elles racontent l’enfance à Berlin, le contexte familial marqué par la dépression et le suicide, une relation compliquée avec un professeur de chant, la montée du nazisme et l’exil en France, en 1939. Ces illustrations expressionnistes agrémentées de mots sont ici présentées avec une traduction et des textes de Judith C. E. Belinfante, ancienne présidente de la fondation Charlotte Salomon, et Evelyn Benesch, directrice-adjointe du Bank Austria Kunstforum de Vienne. M.L.
Judith C. E. Belinfante et Evelyn Benesch, Charlotte Salomon. Vie ? ou théâtre ? Une sélection de 450 gouaches, éd. Taschen, Paris, 600 pages, 30 euros.
Charlotte Perriand, l’œuvre un peu plus complète
Depuis 2002, Jacques Barsac se consacre à l’œuvre de Charlotte Perriand, rencontrée en 1981. Le spécialiste, commissaire des expositions « Charlotte Perriand. 1903-1999. De la photographie au design » au Petit Palais en 2011 et « Charlotte Perriand et le Japon » au musée d’Art moderne de Saint-Étienne en 2013 (avec Pernette Perriand-Barsac), publie aux éditions Norma le troisième tome de l’œuvre complète de la designer. Cet épais volume explore et détaille douze ans de réalisations, de 1956, quand démarre la collaboration fructueuse avec la galerie Steph Simon, à 1968 et la conception de la résidence de l’ambassadeur du Japon à Paris. Puisant dans les Archives Charlotte Perriand, l’ouvrage somptueusement illustré présente près de 800 documents, plans, photographies in situ ou mobilier. En pleines Trente Glorieuses, la créatrice enchaîne les projets aussi bien intimistes et domestiques (son chalet de Méribel, la maison Boros à Montmartre) que monumentaux et institutionnels (la rénovation du siège de l’ONU à Genève, les nombreuses succursales d’Air France de Londres à Tokyo). Habitée par un sens de l’épure fortement marqué par l’héritage de son long séjour au Japon pendant la Deuxième Guerre mondiale, son œuvre inventive,…