Les mouvements des places survenus depuis 2011 (Nuit Debout à Paris, les Indignés à Madrid, Occupy aux États-Unis, Tahrir au Caire ou Gezi à Istanbul) ont-ils représenté une nouveauté dans l’expression même ? Cette transformation des places en agora était alors apparue comme une forme politique en soi (à l’image de la grève ou de la manifestation) accompagnée d’une codification inédite des gestes et des modalités de prise de parole. Dans Rassemblement (2015), Judith Butler cherchait à redéfinir sa théorie de la performativité pour comprendre cette action concertée des corps – mobilisés par la précarité qu’ils contestent – dans ce que leur expression politique dépasse le seul discours.
Si de nombreux artistes ont pris part à ces mouvements, peu ont essayé d’en saisir la capacité à inventer des formes. Cela n’a pas échappé à Marianne Mispelaëre, qui en a fait une collection de cartes postales, « Silent Slogan »,…