Il est devenu rare que la critique d’art ose faire un texte manifeste, capable de définir un front de bataille. Dans le numéro de février de la revue Mousse, Chris Sharp a cherché à synthétiser sa pratique curatoriale en une prise de position qui renouvelle l’attention faite aux formes et refuse d’assigner les œuvres à une signification capable de rentrer dans les cases thématiques. Son manifeste, « Théorie du mineur », établit un diagnostic implacable sur l’art considéré comme « majeur » : subordonné aux dénominateurs les plus communs du langage et instrumentalisé par l’allégorie, celui-ci ne se distinguerait pas du journalisme, de la pédagogie et des assertions dirigées au collectif. Le format par excellence de l’art majeur serait la biennale – obligée de communiquer de la façon la plus lisible (et de se justifier) sur des questions sociopolitiques urgentes, cherchant à parler au nom…
Romain Vicari : Jungle tropicale de béton
L’effet boomerang des influences culturelles a fissuré les planifications rationnelles de la modernité, tandis que les mondes artificiels se sont hybridés à la prolifération chaotique du vivant. Pour ses interventions spatiales, Romain Vicari s’intéresse aux formes d’un art « mineur », empruntées au langage de la rue et au métabolisme cannibale de la peinture. Il expose avec Lise Stoufflet chez Bugada & Cargnel à Paris, avant de présenter son travail aux Ateliers Vortex (Dijon), à la résidence d’artistes Moly Sabata de la Fondation Albert Gleizes (Sablons) et au Palais de Tokyo à Paris en 2018.