Plutôt que créer des racines, les cultures vivantes voyagent et se transforment. Prenons l’exemple du mouvement rastafari : il se développe dès les années 1930 en Jamaïque à partir d’une projection sur l’Éthiopie, le seul État africain ayant résisté à la colonisation. Devenue la terre symbole de l’union africaine, plusieurs mentors de la cause noire prônent un retour vers cette « terre promise », celle d’un panafricanisme d’avant le déracinement tragique de l’esclavage – l’un des célèbres militants, le jamaïcain Marcus Garvey émigre en 1916 vers Harlem où il diffusera cette odyssée d’un retour, tandis qu’à la fin des années 1960, la musique reggae (résultant d’un syncrétisme entre le R & B américain et le ska jamaïcain), jouée par les rude-boys des ghettos de Kingston, se chargera de diffuser son message politique dans le sound system global. Le dernier numéro de l’excellente revue Volumes ! (sous la direction de Thomas Vendryes) est consacrée à ce phénomène, dans…
Portrait de jeune artiste : Anne-Lise Seusse
Des ouvriers rastafaris cultivent un jardin botanique en Afrique du Sud ; un club de retraités jouent au ball-trap dans un paysage de western en banlieue de Lyon ; un ermite bouddhiste construit sa maison de pierres en forêt pour voir les étoiles : Anne-Lise Seusse, qui a participé au Salon de Montrouge en 2012, observe comment le « temps libre » dévoile notre inconscient collectif tout en engendrant des rituels de résistance. Elle est invitée à exposer par la curatrice Anne Bonnin dans le cadre des projets d’Orange Rouge présentés à l’ENSAPC YGREC à Paris.