Où sont les fluides corporels, les discours et les pratiques hors normes concernant les sexualités, ainsi que l’invention d’autres formes de rapports amoureux dans l’art contemporain ? Si le milieu de l’art se rêve toujours comme progressiste, il n’y a finalement que peu d’œuvres explicitement porteuses d’un discours politique transformateur sur l’intimité, se réfugiant plutôt derrière la notion de vie « privée » et dans la hantise du récit de soi (vu comme un discours mineur, sans recul). Pourtant, la littérature fournit une formidable boîte à outils faisant interagir récit personnel, analyse sociale et discours émancipateur : en quelques années à peine, par exemple, Retour à Reims, autobiographie sans concessions du sociologue Didier Eribon, retournant sur soi l’analyse universitaire, est devenu un livre culte auprès des artistes. Mobilité sociale et honte des origines ouvrières occultées, rééducation de soi à la capitale, gommage de l’accent régional et usage de la culture comme d’une…
Portrait de jeune artiste : Elodie Petit
Les mots sont comme des bombes pour Elodie Petit qui s’emploie à faire exister des trans-identités et des communautés amoureuses radicales – des corps devenus politiques peuvent enfin jouir de leur énergie gratuite. Après son passage par le Salon de Montrouge en 2010, elle propose ce lundi une performance avec Jeanne Moynot à la Fondation d’entreprise Ricard, participe à la nouvelle revue d’art Ingmar et expose à l’espace indépendant Où, à l’occasion du Printemps de l’art contemporain de Marseille.