Comment expliquer la place inattendue qu’occupe l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro au sein des débats philosophiques actuels cherchant à définir un réalisme des « choses en soi », indépendamment de ce qui conditionne notre accès à lui ? Invité très convoité d’un colloque phare tenu en novembre 2016 à Paris, « Choses en soi : Métaphysique et réalisme aujourd’hui » (organisé par Élie During et Emmanuel Alloa), qui a réuni des penseurs de tous bords (du « réalisme spéculatif » aux partisans d’une « inter-objectivité » des choses), Viveiros de Castro se trouve dans une position très singulière, à partir de son étude des rites d’anthropophagie chez les Indiens Tupi du Brésil. Quand un chamane adopte le point de vue de « l’ennemi » et convoque les esprits des animaux vus comme des « affins », il franchit les barrières avec d’autres espèces et des éléments non-humains, refusant toute identité – l’auteur désigne cela de « perspectivisme », opposé au narcissisme d’une…
Portrait de jeune artiste : Daniel Otero Torres
Si Lévi-Strauss détestait « les voyages et les explorateurs », Daniel Otero Torres opère une transformation à l’endroit du point de vue et de la représentation de « l’autre ». Refusant les oppositions entre nature et culture, objet et sujet, cultures dites primitives et contre-cultures urbaines, il observe les dynamiques d’auto-construction et modifie notre perspective anthropocentrée. Après avoir participé au 56e Salon de Montrouge en 2011, il est invité par Sandra Patron à exposer au musée régional d’art contemporain à Sérignan.