Le monde va mal, il est laid, noir, violent. Il s’égare, se fourvoie, s’abîme. Tel était le pitch nihiliste de la cuvée 2015 de la Biennale de Venise conçue par Okwui Enwezor. Cette année, changement de ton avec l’édition pleine de sève et d’espoir conçue par Christine Macel. L’air est moins vicié, porteur d’espoir, mais non de béatitude. La conservatrice du Centre Pompidou ne voit pas la vie en rose. Elle a toutefois su choisir des œuvres qui lui redonnent des couleurs, comme l’incroyable feu d’artifice chromatique de Sheila Hicks ou les concrétions mystérieuses de feu l’artiste trisomique Judith Scott, ravivant l’une des fonctions essentielles de l’art, magnifier la vie.
La curatrice a su éviter de nombreux écueils : la paresse tout d’abord, en présentant quantité d’artistes inconnus aux bataillons – mais plus pour très longtemps – comme les tout jeunes Philippins Katherine Nuñez et Issay Rodriguez, le Français Marcos Avila Forero, ou le maître de l’art inuit Kananginak…