Roxana Azimi_En cette période morose, vous avez choisi un titre revigorant, « Viva Arte Viva ». Est-ce un « haut les cœurs », un appel pour ne pas perdre de vue l’art ?
Christine Macel_ J’ai souvent constaté que dans le milieu de l’art, les choses se sont déplacées trop loin des artistes. Quand on parle de Documenta à Athènes, on évoque les questions de fond sur la Grèce, mais pas les œuvres ni les artistes. On met en avant des interrogations qui ne sont pas celles des créateurs mais des commissaires, qui veulent avoir des thèmes, qui ont peur peut-être de ne pas avoir de discours suffisamment étoffé sur les œuvres. Même si c’était sans doute très intéressant de lire Le Capital de Marx en 2015 à la Biennale, ce n’était pas l’élément central de l’exposition d’Okwui Enwezor, alors que les artistes africains l’étaient. Quand la Biennale m’a demandé de choisir un thème, je me suis dit qu’il était déjà là, c’était l’art et les artistes. Un thème finit par devenir soit trop large, soit trop pointu, et on risque de devoir inviter des artistes qui sont tous dans la même…