Génération charnière, entre deux chaises. Comment ne pas assumer que le fait de porter un nom marocain est un outil d’affirmation, tout en se situant au-delà d’une revendication identitaire ? C’est une équation complexe, qui se reflète dans les débats du monde de l’art autour de la notion de désidentification. Introduite à la fin des années 1990 par José Esteban Muñoz, professeur d’études de la performance à New York, ce terme regroupe des modalités par lesquelles un groupe social minorisé se distancie des stéréotypes qui lui sont associés, travaillant à la fois « avec, à l’intérieur et contre » les structures dominantes. La nouveauté principale de cette stratégie consiste à refuser à la fois l’identification aux codes culturels normatifs mais aussi la contre-identication (le rejet en bloc) pour privilégier un jeu de jonglage – en reformulant, par exemple, les aspects considérés les plus négatifs des stéréotypes…
Portrait de jeune artiste : Charlotte El Moussaed
À la suite d’une politique des identités qui a cherché à rendre visibles des places jusqu’ici minoritaires, le temps serait-il arrivé de la « désidentification » ? Comment jongler à l’intérieur des codes sociaux normatifs et des stéréotypes employés à minoriser des groupes ? La triple culture de Charlotte El Moussaed lui permet de mettre en évidence le brouillage des repères culturels dans le folklore, les images vernaculaires et la théâtralité performative de ses portraits. Elle expose dans « Répliques Imaginaires » au 62e Salon de Montrouge, une programmation associée au Mois de la Photo du Grand Paris, ainsi qu’à la Progress Gallery à Paris.