Parmi les tentatives récentes à vouloir comprendre la fascination des artistes par les archives d’images et le rapport que celles-ci entretiennent avec la construction de la mémoire, l’une des plus subtiles a été celle du curateur Christophe Gallois avec son exposition « L’Image papillon » au Mudam à Luxembourg en 2013. Il émettait l’hypothèse d’une influence particulièrement féconde de l’œuvre de l’écrivain W. G. Sebald dans le champ de l’art. À l’instar de ses livres, où la narration est parsemée d’images en noir et blanc non légendées (sans indication de provenance), certains artistes relient notre rapport au passé et à l’histoire à une forme d’enchevêtrement des temps qui est le propre de l’expérience intime. Le papillon serait ainsi l’allégorie d’un rapport double à la mémoire : à la fois épinglée, figée, à travers le geste…
Tris Vonna-Michell et la poésie concrète de l’image à la Verrière à Bruxelles
L’exposition de Tris Vonna-Michell à la Verrière - Fondation d’Entreprise Hermès à Bruxelles paraît hantée par des fantômes, liés à la fois à son histoire personnelle et à l’obsolescence des outils d’enregistrement de la mémoire. S’il revient à la production d’images, délaissant un temps la performance, son exposition « Punctuations & Perforations » l’inscrit dans une passion du récit oral et de la poésie sonore. Il s’en dégage une mélancolie où la mort annoncée de chaque médium technologique nous met face aux tentatives quelque part vaines mais infatigables à vouloir matérialiser la mémoire.