Quand, il y a tout juste un an, l’artiste Ben Kinmont présentait ses nouvelles éditions à Paris, une complicité rare s’est installée entre un public conquis au projet de vie de cet éditeur et bouquiniste (spécialisé dans les ouvrages sur le vin et la cuisine d’avant 1840) et le lieu même où se tenait la rencontre : la libraire section 7 Books, adresse culte du 31 passage du Ponceau à Paris, où il est possible de trouver des perles introuvables d’éditions d’art internationales (anciennement associée à feu Castillo/Corrales). Cette figure charismatique de la scène californienne a décidé de quitter toute galerie en 1995 (avant d’intégrer Air de Paris) pour développer une réflexion sur l’autonomie économique de l’artiste, la gratuité et la création de situations hors des cadres institutionnels de l’art. Sa notion de « troisième sculpture » (un espace façonné dans l’interaction entre deux individus qui en sont les coauteurs) cherche moins à s’inscrire dans la lignée d’un art conceptuel dématérialisé que dans « une matérialisation de la vie », selon lui. Ben Kinmont réunit un goût encyclopédique…
Jeune artiste : Hugo Brégeau
Que regardons-nous véritablement devant une œuvre ? Sa réalité matérielle, la fiction qui l’entoure ou sa valeur économique ? Hugo Brégeau, qui a participé au Salon de Montrouge en 2013, souligne qu’une œuvre n’est que la partie émergée de la vie d’un artiste et s’intéresse aux traductions matérielles de données abstraites ou invisibles ‒ puisées dans une l’économie dématérialisée. Avec Clémence de Montgolfier, il dirige Indice 50, un artist-run space à Paris (qui organise un vernissage ce soir), et expose ce mois-ci dans « Con•tin•u•ums », invité par Patrick Jaojoco à Brooklyn.