Le Quotidien de l'Art

Werner Spies fait une donation au musée Max Ernst de Brühl

Werner Spies fait une donation au musée Max Ernst de Brühl
Max Ernst, Kunstreiterinnen, 1913, 6,8 x 9 cm. Photo : Juergen Vogel, LVR-LandesMuseum Bonn. © VG Bild-Kunst, Bonn 2017.

Werner Spies, historien de l’art spécialiste de Max Ernst (1891-1976) et ancien directeur du musée national d’art moderne / Centre Pompidou à Paris, fêtera ses 80 ans le 1er avril. À cette occasion, Monique et Werner Spies ont fait le don de 51 dessins de Max Ernst à la Fondation Max Ernst et au musée Max Ernst du groupement de communes de Rhénanie à Brühl (Max Ernst Museum Brühl des Landschaftsverbandes Rheinland). Brühl est la ville natale du peintre et poète surréaliste. Les dessins sont datés de 1912-1913, époque où Max Ernst était étudiant en philosophie et histoire de l’art à l’Université de Bonn. Werner Spies indique les avoir achetés en 1970 à un camarade d’études de Max Ernst, Franz Balke, qui entretenait une correspondance avec le peintre, décédé le 1er avril 1976. Des lettres sont jointes à la donation Spies. Toutefois, Franz Balke ne figure ni dans les dictionnaires d’artistes allemands ni sur Internet. Les dessins sont de styles et de thèmes très variés : études de têtes de femmes, caricature dudit Franz Balke, cavalières de sports équestres dans le style expressionniste allemand... Le musée exposera la donation complète à partir du mois de mai, plus une aquarelle que le couple Spies a donnée en 2005 lors de l’inauguration de l’institution. Werner Spies, qui fut journaliste au Frankfurter Allgemeine Zeitung durant quarante ans et enseignant en Allemagne, a présidé le conseil de la Fondation Max Ernst de 2003 à 2012. Résidant en France depuis plusieurs décennies, il a dû mettre un terme à cette activité suite aux erreurs d’authentification de plusieurs tableaux attribués à Max Ernst et dont le faussaire Wolfgang Beltracchi a avoué la paternité devant la justice allemande. Pour fêter les 80 ans de l’historien d’art, l’éditeur allemand Piet Meyer publie un tout petit recueil contenant un court texte en allemand de Werner Spies intitulé Picasso – entre confessionnal et bordel. L’auteur y fait référence à sa carte blanche de 2014 au musée de l’Orangerie à Paris et à l’Albertina de Vienne et au dessin de Maurice Boille d’un impressionnant confessionnal de 1907 qui clôt le catalogue de l’exposition. Cette même année, Pablo Picasso peignait les Demoiselles d’Avignon. D’après Werner Spies, l’œuvre de Picasso, que ses amis Guillaume Apollinaire et André Salmon qualifiaient de « bordel philosophique », aurait représenté une forme d’exorcisme pour le peintre. Tel un passage au confessionnal, lieu d’angoisse suprême aux yeux de Werner Spies depuis son enfance au pensionnat catholique, comme il nous l’a confié.

http://www.maxernstmuseum.lvr.de/

Article issu de l'édition N°1257