Est-ce bien un problème de mémoire courte du monde de l’art ou le fait que des problématiques récurrentes – comment s’approprier ou détourner le langage du monde économique tout en instaurant une distance critique, par exemple – s’actualisent dans des nouvelles configurations technologiques qui en modifient le langage et imposent d’autres angles d’attaque ? Si les polémiques actuelles autour des ambiguïtés de l’« esthétique corporate » (s’agit-il d’un détournement critique, mimétique ou d’adhésion ?) entourent le collectif new-yorkais DIS ou des artistes comme Simon Denny, Timur Si-Qin ou Hito Steyerl, il serait intéressant de les mettre en perspective avec les discussions des années 1990 autour des entreprises d’artistes et de l’esthétique du secteur tertiaire. L’un des textes majeurs de l’époque à ce sujet, Amour, gloire et CAC 40 : Esthétique, sexe, entreprise, croissance, mondialisation et médias (1999) de Jean-Charles Massera, s’inscrivait dans un dialogue…
Jeune artiste : Elsa Werth
Les schémas abstraits de l’économie se traduisent-ils dans une esthétique matérielle spécifique ? Elsa Werth soumet des matériaux issus du monde du travail à un impératif d’improductivité et de jeu, soulignant notre capacité d’appropriation des grilles préétablies, en refusant l’assignation à un seul rôle productif. Elle expose actuellement à la Galerie Martine Aboucaya, à Paris, avant une présentation dans le cadre de la collection de Joseph Kouli au Centre d’art contemporain Chanot à Clamart.