La photographie d’exposition est-elle un genre en soi, voire une démarche artistique à part entière ? C’est l’objet d’étude de la revue Postdocument, créée en 2010 par l’historien d’art Rémi Parcollet et les artistes Aurélien Mole et Christophe Lemaitre, qui trouve désormais une réactualisation avec la réflexion du duo It’s Our Playground ou de l’artiste Artie Vierkant à l’ère d’Instagram et des incontournables blogs d’art contemporain (où règne le défilé d’images sans texte). Est-il encore utile de monter des expositions quand il suffit d’en faire une image à diffuser sur Internet ? Venue de la sculpture, Emmanuelle Lainé a opéré un tournant dans sa démarche en 2011, affichant en arrière-fond de ses expositions une photographie de l’installation exposée. « J’ai voulu changer l’ordre canonique en documentant l’exposition avant même son ouverture et en y intégrant sa reproduction en image à venir, évoque l’artiste. Si la photographie assume un caractère de validation, de preuve, légitimant en quelque sorte l’exposition, dans ce cas le processus est…
Au Palais de Tokyo et à Bétonsalon, les natures mortes contemporaines d’Emmanuelle Lainé
En employant la photo d’exposition dans ses dispositifs, Emmanuelle Lainé établit une continuité entre l’expérience réelle et virtuelle, tout en évoquant au Palais de Tokyo, à Paris, la disparition progressive des frontières entre l’espace de travail et celui de l’intimité. Cette transformation devient un corps cyborg dans son exposition à Bétonsalon, à Paris également, à travers des portraits filmés qui évoquent la manière d’incorporer les outils de travail à notre corps. Et signe un manifeste pour l’hybridation face à la peur du changement.